L’article propose de faire le point sur le concept de dissociation, de dégager les données scientifiques les plus saillantes qui lui sont inhérentes, de proposer un panorama des différentes modélisations et de comprendre la fonction de ce processus dans le cadre du passage à l’acte violent.

Les auteurs passent en revue l’historique et les différentes utilisations taxonomiques du concept de dissociation. Ils présentent les apports théoriques issus de l’hypnose, du traumatisme, de la neurobiologie, des neurosciences et des modèles cognitifs. Ils proposent, en s’étayant sur des recherches empiriques et des observations cliniques, d’articuler les phénomènes dissociatifs et les mécanismes de certains passages à l’acte violent.

La littérature propose de concevoir la dissociation comme une altération de l’état de conscience ou bien une rupture entre la mémoire, la perception, la conscience et l’identité, ou bien comme un mécanisme phylogénétique de coping permettant à l’être humain de se protéger face à des émotions intolérables. Le processus consiste à provoquer une déviation subjective du sentiment de soi ou un jeu de bascule entre divers état de conscience. Plusieurs observations cliniques et plusieurs études empiriques soulignent le lien entre la dissociation et certains passages à l’acte violents comme le suicide ou l’homicide.

Les épisodes dissociatifs peuvent induire une variation de l’activité psychologique : la hausse d’un sentiment d’irréalité, l’accroissement d’un sentiment narcissique, une immersion oniroïde, une mise à distance du sujet et de ses actes par l’amnésie, une modification des signaux sensoriels, une altération de l’activité préfrontale et de la régulation des fonctions exécutives, un phénomène de confusion émotionnelle, une baisse de la peur et des freins moraux, l’utilisation d’un mode moteur automatique, une perte du sens de l’agentivité. Ces éléments sont essentiels pour comprendre le déclenchement de la motricité agressive.

La dissociation est un concept psychopathologique opérant qui désigne divers processus psychologiques articulés à l’état de conscience, l’activité émotionnelle, l’activité fantasmatique, le comportement de l’individu. De nombreuses recherches restent à mener pour distinguer les différents types de dissociation et leurs particularités.

The article suggests reviewing the concept of dissociation, clearing the most striking scientific data which are inherent to it, to propose a panorama of the various models and to understand the function of this process within the framework of violent behaviour.

The authors review the history and the various taxonomic uses of the concept of dissociation. They present the theoretical contributions stemming from hypnosis, from trauma, from neurobiology, from neurosciences and from cognitive models. Relying on empirical research and clinical observations, they suggest articulating the dissociative phenomena with the mechanisms of certain violent behaviour.

The literature suggests conceiving the dissociation as a change of the state of consciousness, either a break between the memory, the perception, the consciousness and the identity, or as a phylogenetic mechanism of coping allowing the human being to protect itself when faced with unbearable feelings. The process consists in provoking a subjective deviation of the feeling of oneself or a game of balancing between diverse states of consciousness. Several clinical observations and empirical studies have underlined the link between the dissociation and certain violent behaviour such as suicide or homicide.

The dissociative episodes can lead to a variation in the psychological activity: the increase in a feeling of unreality and a narcissistic feeling, an oneiroid immersion, a distancing of the subject and his/hers acts through amnesia, a modification in the sensory signals, a change in prefrontal activity and regulation of the executive functions, a phenomenon of emotional confusion, a decrease in fear and in moral safeguard, the use of an automatic driving mode, and a loss of the sense of the agentivity. These elements are essential to understand the release of the aggressive motricity.

The dissociation is an effective psychopathological concept that indicates diverse psychological processes articulated in the state of consciousness: emotional activity, fantastical activity, and the behaviour of the individual. Numerous studies remain to be conducted in order to distinguish the various types of dissociation and their specificities.